Jeffery et Sally Stride

Quand je jardine, je me déplace instinctivement d’un endroit à l’autre. Comme toutes les autres créatures qui vivent dans le jardin ou qui lui rendent visite, je participe à l’énergie créatrice de ce petit cosmos. Je m’efforce d’être méthodique et de planifier mais ce n’est pas si simple: le jardin a une manière bien à lui d’imposer ses besoins.

Quand je jardine, je pense que je peins.

Bien évidemment, il y a une première approche qui respecte l’architecture inhérente contenue entre les quatre murs comme entre les confins d’une toile. Puis, je laisse la peinture évoluer. Mes yeux, guidant le pinceau, bougent constamment entre les espaces, traçant des chemins, trouvant les racines de plantes, regardant à-travers les feuilles et les tiges, déviés par un soudain éclat de couleur; essayant de comprendre l’espace que les fleurs habitent, l’air qu’elles respirent, leur relation les unes aux autres.
Enfin, une peinture germe. Elle pousse lentement, s’étirant vers le haut, exprimant rythmes et pulsations, pesanteur et suspension, avec des passages profonds et des silences, cherchant la lumière par la texture, le ton et la couleur. Finalement, elle perce les limites du cadre pour trouver son propre espace poétique.

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